Pages

06 novembre 2012

Keep the lights on : l'un des meilleurs films jamais réalisés sur l'amour !

 
Passé inaperçu ou presque cet été, au milieu des super-productions à mastiquer en même temps que le pop corn vendu dans les salles, ce film est un bijou, bien meilleur que Brokeback Mountain, parce que plus intense encore, plus vrai dans son rapport à la passion amoureuse. Et bien que les deux héros soient du même sexe, la leçon est universelle. l'amour reste toujours l'amour quelque soit le sexe des protagonistes ! Cette chronique d’une longue et violente rupture amoureuse, entre souvenirs autobiographiques du cinéaste et souffle romanesque. est vraiment l’un des plus beaux films indépendants américains depuis longtemps.

Qu’est-ce qui fait qu’une photographie est réussie ? Dans son précieux essai L’Image fantôme (1981), Hervé Guibert, qui revendiquait tel un mantra son amateurisme en matière de technique, écrivait qu’une bonne photographie est nécessairement “fidèle au souvenir de l’émotion” éprouvée au moment précis du déclenchement de l’appareil, et qu’elle ouvre un accès à “l’intériorité de l’auteur”, perceptible par l’œil étranger. La formule pourrait aussi bien s’appliquer au cinéma autobiographique de l’Américain Ira Sachs pour dire la vibration saisissante de son quatrième et plus beau film, Keep the Lights on.

Révélé dans les années 90 par un court métrage dopé aux travaux vidéo d'AndyWarhol (Lady), puis devenu l’une des figures clés du cinéma indépendant américain (on lui doit le superbe et secret The Delta), le cinéaste revient ici sur un long chapitre de sa vie sentimentale, avec pour double projet de restituer la vérité d’un souvenir douloureux et - c’est le propre de l’écriture sur soi - tenter de s’en libérer. Ira Sachs évoque un geste “exutoire”.

Keep the Lights on découvre donc deux jeunes et beaux personnages new-yorkais au seuil de leur rencontre : Erik, un documentariste un peu caméléon, tantôt animal brusque tantôt garçon délicat (soit l’alias du réalisateur, incarné par le très fort Thure Lindhardt), et son amant Paul, un agent littéraire plus ombrageux qui défie la mort dans la consommation frénétique de crack.

C’est à l’écrivain Bill Clegg que l’on pense forcément ici, l’ancien amant de l'auteur in real life, qui a témoigné de sa descente aux paradis artificiels dans le récent Portrait d’un fumeur de crack en jeune homme (Éditions Jacqueline Chambon), dont Keep the Lights on est une réponse désenchantée.

Le film débute sans illusion au moment de leur premier baiser, au hasard d'une nuit brûlante de 1998, et s’achèvera dix ans plus tard par la rupture sans éclats du couple, vaincu par le temps, la défonce et la distance. Entre ces deux instants, Ira Sachs aura déplié une fresque sentimentale comme le cinéma américain n’en produit - malheureusement - presque plus : un long parcours accidenté fait de séparations et de retrouvailles, de promesses et de démissions, toutes saisies dans un enchaînement de séquences autonomes formant un journal de bord aux humeurs indécises.

La folle ampleur romanesque de Keep the Lights on, qui fait courir ses deux amants entre les siècles et les catastrophes (le 11 Septembre, sans être mentionné directement, semble soudain glacer l’image en 16 mm, et assombrir les rues de New York), évoque par endroits celle des Bien-Aimés de Christophe Honoré (2011), où l’on s’interrogeait aussi sur l’instabilité du sentiment amoureux, et où le glissement du temps se signalait également en arrière-plan.

Mais ce qui obsède Ira Sachs, comme avant lui Honoré, ce sont surtout les fluctuations intimes qui affectent ses deux personnages, leur ordinaire dirait-on, qu’il restitue avec une rare acuité : tout, des gestes les plus simples aux bourrasques affectives, paraît extrait d’un souvenir encore vif, d’une émotion réelle qu’il s’agirait enfin d’exorciser. Car l’autofictif Keep the Lights on n’est au fond qu’un film d’exorcisme : la chronique d’une rupture impossible et cruelle dans un New York hanté par les figures de disparus et les ombres du passé.

Elles sont nombreuses ici, du génial musicien protéiforme Arthur Russell, mort seul du sida en 1992, dont le folk endeuillé perle la bande-son, au cinéaste underground Avery Willard, décédé dans l’indifférence générale avant de voir le XXIe siècle – des extraits de ses films scandent le récit. C’est dans cette atmosphère d’outre-tombe, au milieu de tous ces fantômes avec lesquels il faut pour Ira Sachs réapprendre à vivre, que le film s’épanouit, qu’il puise sa profonde et tenace mélancolie, jusqu’à son épilogue désarmant : une séparation amoureuse enfin consommée dans la lueur d’un petit matin, pareille à une sortie des ténèbres. Keep the lights on : “Garde les lumières allumées”. (Commentaire largement inspiré d'une chronique parue en France dans Inrocks)


Allez, encore de quoi vous donner envie de courir voir ce film qui a toujours ici beaucoup de succès et qui a remporté un triomphe à Londres le mois dernier, avec le making-of du film (des bribes), qui sera en entier sur le DVD de Peccadillo Pictures (prévu début 2013) filmé par Jean Christophe Husson. Edited by Alix Diaconis. Music by Daniel Quinn : 



En France aussi on l'a pas mal vu finalement mais le sujet continue de choquer. Pour le politiquement correct, deux hommes jeunes et beaux qui s'aiment passionnément et longtemps, cela ne peut pas exister. Il n'y a que des folles tordues seulement capables de remuer du popotin toutes vêtues de rose fluo à la Gay Pride ou des amateurs vicelards de plans hard d'un soir. Une belle leçon que ce film qui montre que l'amour est plus fort que tout, qu'il est souffrance mais en même temps qu'il rédime et grandit. C'est d'ailleurs le discours - mal compris et méconnu - de l’Église catholique qui ne condamne pas l’homosexualité en tant que sentiment amoureux (comment pourrait-elle condamner l'amour même sous une forme différente ?) mais qui récuse le désordre physique qui trop souvent préside à ce type de relations. Un ami prête ici à New York ne fait que répéter cela et combien il dit vrai !

Croisons les doigts pour Obama !


03 novembre 2012

Instantanés






Polissonneries...


Un dimanche tranquille

Nous passerons le weekend à la maison. Tranquilles. La ville peu à peu retrouve son aspect normal. Pas de Marathon cette année. ce n'est pas fait pour me déplaire. Je n'aime pas ces évènements populaires qui changent l'atmosphère de tous les jours. New York est une ville trépidante qui ne s'arrête (presque) jamais de vibrer, de sauter, de bouger. La tempête Sandy a permis un break finalement. On n'entendait que le vent souffler et la pluie tomber dans les rues. Et les sirènes. Dimanche sera un jour tranquille avec toi.

01 novembre 2012

Cette beauté qui nous hante


La vie reprend


La soirée fut assez mouvementée. Chacun se calfeutrait chez soi, ravi d'habiter un bon vieil immeuble de pierre et de brique dans le vrai Upper Side, pas l'inondable. Les magasins étaient tous fermés, certains complètement dévalisés comme le marchands de fruits et légumes au coin de la rue. Je n'avais jamais vu ça - lui non plus : il ne restait plus un seul légume ni un fruit ! Bref, on était tous chez nous. La télévision annonçait de probables coupures d'électricité, des risques d'inondation imminente. Nous n'avons pas eu de coupure de toute la nuit. Il était quand même difficile de ne pas penser à Sandy. Les vitres tremblaient à cause du vent et de la pluie très forte qui battait la façade. 

Dans la soirée, le photographe qui habite en face est sorti pour déplacer son scooter. Quelques minutes après, à l'endroit même ou l'engin avait été garé, l'arbre devant chez nous tombait bloquant toute la rue. Le bruit attira plein de monde. pas de blessés. Rien qu'un taxi un peu amoché. le chauffeur avait eu le bon réflexe en freinant pile quand le vent redoubla de violence et que les arbres bougeaient un peu trop anormalement. Tout le monde s'est finalement endormi. le vent et la pluie nous transportant un peu à l'Auberge de la Jamaïque sous l'orage nocturne...

La rue le matin était devenue une vaste prairie, couverte de feuilles et de branchages. Comme il faisait assez doux et que tout risque semblait bien éloigné, on voyait des tas de gens parlant entre eux, des enfants qui riaient et des gens comme nous qui en profitaient pour (enfin) sortir leur chien. Brinkley a semblé un peu désappointé de voir un de ses arbres favoris couchés à terre. Il l'a reniflé, l'air un peu désabusé et a levé la patte. Certainement davantage pour rendre hommage au mastodonte déraciné que pour soulager un besoin pressant... 

Sandy est rentré dans l'album souvenir maintenant. Il y en a pour des semaines avant que la ville retrouve son aspect normal. Des tunnels et des stations de métro sont encore sous l'eau. les enfants, ravis, savent qu'ils n'iront pas à l'école avant la semaine prochaine. 

Hélas pour eux, Halloween s'est le plus souvent déroulé dans les murs de leur appartement ou dans l'immeuble ! Moi qui déteste cette fête, j'en suis ravi : le maire l'avait annoncé, la traditionnelle parade a été annulée. Si Sandy avait pu s'amener le jour de la Gay Pride, cela ne m'aurait pas contrarié, au contraire. Je n'aime vraiment pas les parades outrées, que ce soit celle des gay ou celle des zombies. mais cela n'engage que moi et laissez-moi le droit d'être totalement, absolument, excessivement, politiquement incorrect !


L'innocence...


30 octobre 2012

Découvert le blog d'un gay parisien. A lire !


C'est assez bien écrit, plein d'humour décalé. L'auteur montre l'univers gay parisien avec tendresse et ironie. Apparemment, il sait de quoi il parle. Lisez l'article sur les hétéros ambigus. C'est drôle et tellement vrai. Que personne parmi mes lecteurs ne se sente visé bien entendu. : cliquer sur l'image pour accéder directement au post.

David et son chat


Brinkley a compris avant moi combien le petit chat tigré entré dans notre vie par hasard il y a quelques mois allait changer bien des choses dans notre quotidien. D'abord lui a le droit de faire ses besoins dans la maison et il a droit à une maison de propreté (c'est le terme employé par le fabricant) avec entrée spéciale conçue pour que le chat de salisse pas les alentours de la caisse, filtre électrique au charbon et diffuseur automatique de déodorant. Le comble du luxe pour chat civilisé né du bon côté de la planète. Le chien lui doit descendre au moins deux fois par jour et il n'aime pas vraiment quand ce n'est pas l'un de ses maîtres qui l'amène se soulager. le promeneur de chiens, Willie est un peu pète-sec et sortir en même temps que cinq ou six autres clébards, ça ne lui plait pas vraiment à Brinkley. Mais bon, le chat a été accepté et les deux partagent souvent le même coussin pour leur sieste. Bien sur quand le chat saute sur le lit ou sur le bureau de David ou sur le mien, il est rare que ce soit un cataclysme. Si Brinkley s'avisait de l'imiter, je ne vous raconte pas les dégâts, au propre comme au collatéral. bref, ce chaton règne en maître et nous l'adorons tous littéralement. Mais celui qui a pour lui une affection dépassant tout ce qu'on peut imaginer, c'est le petit frère de David. Lorsqu'il dort chez nous, le chat est invisible. Il va partager la couche du bel adolescent champion de natation de son collège et s'entendent comme larrons en foire. Quand il est là, le chat ne le quitte pas un instant et revient toujours vers lui. Amusante fraternité entre le garçon et l'animal. Ils ont la même énergie, les mêmes fantaisies.

Nuit mouvementée à Manhattan

Dur moment pour New York mais on en a vu d'autres ici ! La moitié de notre quartier est inondé et l'autre partie est en feu. C'est à peine exagéré. On entend des cris, des hurlements et quand on se regarde dehors, on ne voit personne. Comme dans un film d'épouvante. Sirène d'ambulances et de la police. Puis longs moments de silence et le vent qui souffle. il fait un froid de canard, comme en plein hiver. On dit qu'il y a eu une tempête de neige dans le New Jersey. Mieux vaut rester chez soi, même dans le noir. La centrale électrique de la 14e rue a explosé plongeant une grande partie de la ville dans le noir. C'est le premier black-out que je vois en direct. Nous n'allons pas vriament dormir sur nos deux oreilles cette nuit mais l'immeuble est sûr, les murs épais, les parties techniques bien protégées. En face le velum de l'entrée d'un immeuble s'est effondré en même temps qu'un arbre. Vision d'enfer. Vivement demain les gars. Je poste ce billet tant qu'internet fonctionne, sait-on jamais ! Beaucoup de gens ont peur, mais la plupart de nos voisins est calme et nous prenons tous notre mal en patience, avec la marée descendante, l'eau baisse et va se retirer au moins jusqu'à demain midi, la tempête va remonter vers les terres et laisser New York dans les quatre ou cinq prochaines heures. 

29 octobre 2012

Mauvais temps sur New York, voilà Sandy qui arrive !

Bon, ben là on a compris : l'été c'est fini. l'été indien c'est loin. Halloween - je déteste - arrive et les temps s'y met : tempête sur la baie d'Hudson, vents de bourrasques, et thermomètre qui chute. C'est the fall of the Fall. Central Park a même été fermé à cause de la tempête Sandy qui menace. Les oiseaux n'arrivent même plus à voler quand il y a des rafales. Le maire a décidé l'évacuation des zones les plus à risque vues les prévisions de montée des eaux. Nous, nous sommes à l'abri bien que pas très loin de l'eau mais les immeubles sont assez bien protégés. En tout cas, pas question d'aller faire un tour du côté de Broadway. Le pire est attendu pour demain mardi ! En attendant, calfeutrés à la maison, le garde-manger bien rempli, des bougies à profusion, un réchaud à gaz au cas où on n'aurait plus d'électricité, des piles pour la radio si les ordinateurs ne fonctionnent plus et de quoi s'occuper. Notre rue est juste à la limité de la zone A d'évacuation et notre immeuble n'ayant que cinq étages, pas de danger avec l'ascenseur. On en a vu bien d'autres mais cet ouragan-là semble vouloir se montrer drôlement violent. Voici des images de la 79e rue, au bord de l'Hudson. Rien de trop méchant encore, mais on voit déjà que cela souffle fort à 13h30. Qu'est-ce que cela va être cette nuit !